Des vêtements pour l'âmeDU Shisan Poète et artiste taiwanais.
Le grand couturier John Galliano a donné une définition séduisante de la mode : « il y a deux genres de vêtements, celui qui habille le corps, et celui qui sied à l'âme. » Or, nul doute que les créations de Sophie Hong sont de celles faites pour vêtir et le corps et l'âme.
Tout d'abord laissons de côté la coupe des vêtements, la grande singularité du talent de Sophie Hong, dans un monde de la mode qui aujourd'hui ne s'intéresse qu'à la ligne, aux couleurs et aux accessoires, se trouve dans la façon dont elle obtient et modèle son matériau. Elle puise son inspiration dans la méthode de fabrication de la « soie laquée », savoir-faire traditionnel chinois : une étoffe de soie blanche écrue est étalée sur l'herbe, la teinture extraite du gambier broyé est appliquée de façon égale sur toute la surface, puis elle est mise à sécher sous le grand soleil, cela se passe entre Avril et Septembre, ensuite elle est portée sur les berges où, avec la vieille terre ramassée au milieu du fleuve, on la « passe à la terre »... ce n'est qu'après ce processus complexe et méticuleux, que Sophie Hong considère qu'elle est en possession du matériau à partir duquel elle va créer le vêtement, elle s'attèle alors à l'étape suivante, plus minutieuse encore, de la « retouche ».
Chaque étoffe achevée qu'elle commence ainsi à travailler, offre toutes sortes de teintes et de motifs sans apprêt, comme au repos, rentrés, retirés en eux-mêmes après avoir été pétris, et chaque pouce du matériau, on le sent, est plein du touché naturel des fils de soie, d'eau de source et de rayons de soleil, d'herbe verte et de terre, du sentiment d'harmonie entre l'ombre et la lumière du monde, du passage de la chaleur à la froidure, comment alors ne pas éprouver la familiarité et le réconfort de « porter sur soi les souffles de l'univers, de revêtir les quatre saisons qui alternent » ? Imaginez un peu l'air, le style extraordinaire que donne à qui la porte, cette étoffe naturelle passée par « l'écume de la cicadelle, les feux d'herbes, le fer du soleil, la teinture de la rivière », puis passée par les mains de cette grande styliste qui la « retouche ».
En effet, ces étoffes une fois taillées aux dimensions des corps et ainsi passées dans le monde de la mode, femmes ou hommes, jeunes ou vieux, mais surtout les artistes à l'intériorité trempée, tous retrouveront les incroyables contours et lignes de leur âme, ils verront émerger en ce bas monde des reflets, des allures, des tournures exceptionnelles, comme si le soleil, les cours d'eau, les prairies sur eux trouvaient une autre terre où se déployer, briller ; telle est la rencontre, merveilleuse et étonnante, entre la mode et l'âme humaine.
L'histoire de l'art nous enseigne que les artistes modernes qui ont compté ne sont parvenus à maturité qu’après avoir découvert le matériau élémentaire à partir duquel créer : pour l'écrivain, c'est sa propre langue et ses propres mots ; pour le musicien, des notes qui racontent une histoire ; pour le plasticien, les éléments en propre qu'il modèle... Il en est de même pour le styliste qui doit lui aussi concevoir et mettre en pratique son esthétique. Et seulement alors que vient la réussite, comme ce fut le cas pour Issey Miyake, Gianni Versace, Calvin Klein et, à n'en pas douter, Sophie Hong. Nous aimons cet élément premier de création chez elle parce qu'il est l'assemblage tournoyant de ces « gènes de la nature » que sont l'herbe, l'eau et le soleil.
Si depuis vingt ans elle lutte dans le champ de la mode, Sophie Hong, esprit vaste et profond, amoureuse de la nature et des hommes et mue par une intarissable soif de création, est aussi peintre et artiste plasticienne touchant à divers matériaux. Sa réussite ne s'arrête pas à une renommée mondiale, nous attendons qu'elle nous comble de ses créations, toujours plus neuves, toujours plus exquises...
1990年代,這位創作能量旺盛的當代藝術家,獲得台灣經濟部與法國外交部獎學金,赴法國巴黎高級時裝工會學校 (L'Ecole de la Chambre Syndicale de la CoutureParisienne) 研習立體剪裁,同時在貝桑松(Besançon)學習法語、在迪奧 (Christine Dior)、香奈兒(Chanel) 研習服裝製作、在摩爾多(Greta Morteau)研習鐘錶設計。勇於突破,不受限傳統設計框架,洪麗芬融合西方與東方、跨國界文化語彙的服裝創作,於1997年得到法國巴黎服裝博物館(Musée Galliera-Musée de la Mode et du Costume)永久典藏。洪麗芬曾返回實踐大學服裝研究所任教,貢獻並回饋她所學於母校。
台法藝術文化交流
2010年「Sophie Hong」在巴黎中心區三百餘年古蹟建築皇宮藝廊開幕,與法蘭西喜劇院、文化部、巴黎歌劇院,同屬 Palais Royal 的一部分;人文薈萃,歷史文化底蘊深厚,提供歐洲時尚界接觸其服裝的最佳櫥窗;同年她接任摯友施蘭芳「信鴿法國書店」(Librairie Le Pigeonnier),該書店為法國法語系書店協會會員;法國國家法語區電台TV5,曾播出洪麗芬專訪,並專題報導該書店;洪麗芬致力法國語文藝術之聯繫與傳播,推動台法文化交流,不遺餘力,2012年得到法國國家功勳騎士勳章(Chevalier de l’ordrenational du Mérite);同年在巴黎皇宮柯萊特廣場(Place Colette)舉辦個人服裝展覽 – "Sophie HONG à Paris",由法國導演 Juliette Deschamps 執導,將洪麗芬所設計服裝,以生活化方式,生動活潑展現在巴黎日常生活氛圍中,引起轟動;2014年洪麗芬獲台灣金點設計獎年度最佳織品類設計獎!再次證明她的跨領域創作才華,備受藝文界重視!
跨界多元合作
當洪麗芬談到她豐富的創作歷程時,優雅大方,自然率真,從容自在,彷彿一切渾然天成!事實上,她的藝術創作領域,廣及繪畫、金工、竹器、雕塑、陶器等;秉持開放心胸,和國內外許多跨界藝術家合作,如法國前文化部長 Jack Lang、女演員Isabelle Huppert、Catherine Frot、導演 Juliette Deschamps、藝術家 Fabien Lerat、Alain Della Negra、畢安生 Jacques Picoux、主廚 Danièle Mazet-Delpeuch、大提琴家 Alain Meunier、小提琴家 Guillaume Plays、鋼琴家 Lee Fang-Yi、聲樂家 Anne Rodier、偶戲專家 Robin Ruizendaal、漢學家 René Vienet、建築師 Adèle Naude Santos、Nelson Wilmotte、漫畫家 Golo、法語教師暨台北信鴿法國書店創辦人施蘭芳 Françoise Zelberberg 等;華人世界文學作家如白先勇、林清玄、杜十三、羅青、羅門;電影演員鞏俐、章子怡;音樂家李泰祥;攝影藝術家柯錫杰、李小鏡、謝春德、龍子軒、許培鴻;戲劇導演劉若瑀、吳興國;舞蹈家林秀偉、羅曼菲、張曉雄,吳建緯;美食家陳鴻;合作團體如蘭陵劇坊、台北越界舞團、野草舞蹈聚落、心心南管樂坊、優人神鼓、台原亞洲偶戲博物館等;國家交響樂團(NSO)歌劇《畫魂》(2010)、台灣元盛AI生醫科技產品 iCi en orbite(2019)、板橋林家花園 – 新北城市美學"穿梭浪漫"總監(2019)、國家交響樂團與國立故宮博物院影像合作計畫 – 故宮 X NSO表演(2020)等;國立故宮博物院形象制服,亦由洪麗芬設計。
J'ai rencontré la créatrice taiwanaise Sophie HONG il y a plus de trente ans.Christine BLANC Communication
Après avoir participé à de nombreux salons professionnels et expositions, le 17 mai 2010, elle s'est « installée » dans les jardins du Palais-Royal de Paris pour « s'extraire du luxe industriel et du commerce de masse » .
Elle est alors à la recherche d'une forme de confidentialité pour se rendre plus désirable, elle souhaite trouver un lieu où elle peut concevoir un « magasin d'art ».
Sophie HONG, « artisan-artiste » crée elle-même les teintures sur soie ou lin, réalisées à partir de décoction de racines végétales et fixées par de la glaise, pour des créations intemporelles destinées autant aux hommes qu'aux femmes, à la frontière entre la mode et l'art.
Sophie travaille ses étoffes comme un peintre sa toile. Sa disponibilité, sa curiosité et sa générosité ont transformé notre rapport professionnel en profonde amitié.
Un nuage évoque une robe, une fleur un visageLin Ching-Hsuan Écrivain taiwanais
Quasiment tous les artistes orientaux se trouvent un jour à devoir considérer la pensée orientale et la pensée occidentale, comment lier les deux ensembles, combiner sans accroc les deux formes, tel est le chemin qu'il leur faut suivre aussi. Et c'est précisément de cette rencontre orient-occident dont sont surgies les créations de mode de Sophie Hong, elle qui a suivi en France les cours de couture de l'avant-garde, tout en gardant au fond d'elle l'esprit et les aspirations de l'art chinois.
Avec pour éléments de base la soie d'Orient la plus pure et ses couleurs paisibles : bleu-vert, jaune, rouge, blanc et noir, qu'elle fait apparaître dans l'esprit de la sculpture occidentale, voici la parfaite union de l'orient et de l'occident.
De même, le choix entre le classique et le moderne se pose inévitablement pour les artistes contemporains : s'ils ne privilégient que le moderne, leur art perd la perception du temps et la dimension culturelle ; et s'ils ne privilégient que le classique, la créativité et la force imaginative se perd. Sophie Hong a recherché, dans le Sud de la Chine, la « soie laquée », une soie pure utilisée depuis la dynastie des Ming jusqu'à aujourd'hui, et qui était sur le point d'être perdue à jamais. Elle a mené, auprès des maîtres spécialistes de la soie, de longues recherches dans les fabriques, débutant par le tissage, puis l'impression et la teinture, la pose des couleurs, redonnant vie à ce matériau.
Sa formation en art moderne lui a permis de ne pas coller à la tradition, de ne pas être enfermée dans les limites du classique, mais d'évoluer librement, sans chaîne. Je ne peux contenir mon admiration devant la vision que m'offrent le tressage de ces fils de soie pareils à du cuir, à ce tissu travaillé à la manière d'une sculpture de bronze, où il n'y a pas seulement un aller-retour entre le classique et le moderne, mais aussi un voyage entre le doux et le dur.
Bon nombre d'artistes d'avant-garde connaissent la confusion entre l'utile et l'idéal, en particulier dans la haute-couture, car si elle penche trop du côté de l'idéal, elle touche peu de gens, mais si elle est trop utilitaire, elle tombe dans le trivial. « Utile », un vêtement doit l'être ; sur cette base, comment atteindre la frontière d'un art pur, qui sera celle du designer, zone limite où il apparaît en tant qu'artiste et en tant que couturier ?
Depuis plus de vingt ans que je connais Sophie Hong, elle a toujours été une designer exceptionnelle, outre la mode, elle a aussi élargi ses centres d'intérêt à la peinture, la sculpture, l'architecture, l'art du jardin, développant une conception qui lui est propre. Jadis couturière à succès sur le marché de la Mode, alors que ses affaires étaient au beau fixe, elle reçoit une bourse pour une « expertise sur les échanges techniques entre la France et la Chine ». Elle suspend alors toutes ses activités pour partir en France reprendre ses recherches, elle travaille chez Chanel et chez Dior, ce qui lui permet d'ouvrir considérablement son horizon, de créer plus librement encore, en mettant en rapport tout ce qu'elle a appris sur l'art durant des années, passant ainsi la frontière de l'idéal. Ses créations de mode sont conservées au musée Galliera de la ville de Paris.
A présent, Sophie Hong est invitée à exposer dans les capitales de la mode : New-York, Milan, Paris, elle a demandé à ses amis ainsi qu'au citadin lambda de porter ses vêtements, et l'on peut voir que, certes, ils leur vont, mais aussi qu'ils leur confèrent une allure nouvelle.
Mais en plus de cela, selon moi, ses vêtements, étoles et accessoires pourraient même être encadrés et accrochés au mur pour être admirés comme des œuvres d'art.
Dans son fourneau, Sophie Hong a allié Orient et Occident, classique et moderne, idéal et pratique pour forger sa propre esthétique, puissante et originale ; nous éprouvons un sentiment de raffinement et de mouvement dans le recours intense qu'elle fait des courbes, un sentiment de minutie et de joie dans le travail d'aiguille du nœud chinois rouge qu'elle a conservé et, devant la moire de ses étoffes, nous sommes comme devant la clarté des dunes, l'immensité d'une plaine de lœss.
Le fil de soie de première qualité qu'elle emploie dans la plupart de ses tissus nous fait ressentir la mollesse du nuage, la beauté exubérante des fleurs, en voyant les vêtements de Hong Lifen, comme l'a écrit un poète antique, même les nuages voudraient se vêtir, et les fleurs se faire plus belles !
Si l'on sait que cette moire des étoffes est le résultat d'une terre et d'une teinture naturelle séchées au soleil pendant une semaine, que les nœuds rouges tressés à la main s'inspirent d'une recherche de plusieurs années sur le vêtement chinois, que les courbes ont été créées suite à d'incessantes tentatives de retouche... les créations de Sophie Hong non seulement forcent l'admiration, mais elles nous émeuvent profondément.
Là où se pose la main, s'ouvre l'horizon ; là où le regard se porte, là est l'esprit.CHEN Yu-hui Cinéaste et écrivaine taiwanaise
Voilà longtemps que j'ai fait la connaissance de Sophie, mais la différence n'est pas très grande entre celle qu'elle était et celle qu'elle est aujourd'hui, elle continue à porter les vêtements qu'elle dessine elle-même, perchée sur ses socques de rônin, elle va, avec une grâce qui fait voguer la mode.
Durant toutes ces années, Sophie a toujours tenu à ses principes, pour le vêtement comme pour l'art : simple, organique et vivant.
Elle n'a jamais été quelqu'un de beaucoup de paroles. Ses principes, elle les met en œuvre. De la qualité des matériaux à la teinture indigo, en tout on voit son attention au détail, elle a cherché de partout la soie laquée, elle est la première grande styliste qui a su comment procéder à une teinture organique.
Non contente d'avoir créé sa propre enseigne à Taiwan, travail de longue haleine, elle a dans la foulée ouvert une boutique à Paris, capitale de la Mode. Les résultats sont là, avec des liens parmi des personnalités françaises notoires : Isabelle Huppert porte ses vêtements lors des festivals, Jack Lang, ancien ministre de la culture, en a fait l'éloge, elle a reçu la décoration de Chevalier de l'ordre des arts et des lettres ; elle en est digne.
Dans le monde de la mode et de l'art taiwanais, elle s'exprime peu, vraiment peu. Parce que c'est avec ses mains qu'elle pense, tout ce qu'elle conçoit, elle l'exprime avec ses mains, c'est une femme qui pense avec ses mains, et le temps parle pour elle, ses créations témoignent de cette splendide vie.
ImprévisibleMonique Lévi-Strauss Chercheuse en histoire des textiles
Pourquoi les vêtements de Sophie Hong me plaisent tant ? Parce qu'ils me vont si bien. Ils tombent avec grâce. Sophie travaille de beaux tissus de soie, teints avec des colorants naturels. Avant de les tailler, elle les expose à l'air et au soleil, afin qu'ils renvoient la lumière et s'animent de reflets harmonieux. D'une grande douceur, ses doublures en satin caressent la peau et lui tiennent chaud. L'oeil est toujours attiré par les ganses qui finissent les bordures des devants, des cols et des manches : à la fois diverses et discrètes, ces notes de couleur rendent le vêtement vivant, imprévisible. En résumé, les vêtements de Sophie sont à la fois légers, frais ou chauds, selon la saison, sobres et vivants, vraiment élégants.
Autour de Sophie HongPierre-Yves BAUBRY Fondateur de Lettre de Taïwan
Bien sûr, il y a la technique. Pour travailler la soie, Sophie Hong a fait siennes d'ancestrales méthodes de tissage et de teinture du sud de la Chine, permettant ainsi leur renaissance.
Teints de façon naturelle, les rouleaux de soie sont étendus sur la terre et séchés au soleil. Comme l'écrit Douglas Bullis, « la teinture de la soie chinoise est très proche des voies de la nature. Si, après avoir rincé la teinture, vous essayez de sécher la soie, le soleil ne doit pas être trop brillant, toutefois il doit l'être suffisamment. »*
La soie y prend un aspect laqué, dans des tons terreux : noirs ou bruns très profonds sur une face, rouges sombres sur l'autre. Le procédé donne au tissu une texture inimitable, sans rien ôter à sa légèreté. « Il y a de bonnes et de mauvaises saisons pour teindre la soie, tout comme il y a de bonnes et de mauvaises années pour le vin »*, remarque Douglas Bullis.
Dans cette danse avec les éléments, Sophie Hong recherche avant tout la nuance. Chaque pièce de soie tire son caractère unique des trames du tissage, de l'intensité de la teinture ou du hasard des contacts avec la terre. D'imperceptibles variations font penser à des peintures à l'encre.
Au fil des ans, Sophie Hong a ajouté à sa palette de nouvelles tonalités de rouges, d'indigos, de bleus et de verts — toutes les couleurs de l'arc-en ciel —, même si elle chérit les teintes brunes et noires, plus écologiques.
Les vêtements créés par la styliste, pour les hommes autant que pour les femmes, frappent par leur simplicité autant que par leur qualité visuelle résolument contemporaine. Chemisiers, vestes, blouses, bustiers, robes et pantalons témoignent d'une recherche de la juste mesure : il s'agit d'en faire ni trop, ni trop peu. Sophie Hong joue avec la versatilité de la soie laquée qui a ici l'aspect du velours, là d'un cuir patiné, là encore d'un tissu subtilement rêche.
Sans jamais renoncer à la fonctionnalité, elle joue avec les coupes, les épaisseurs, les bordures et ourlets, les broderies, les boutons et les plis quidonnent pour de bon au tissu son volume. Sophie Hong joue et invite ses clients à en faire autant, sur un mode combinatoire puisque chaque pièce peut être portée aussi bien à l'endroit qu'à l'envers.
Pour Sophie Hong, un vêtement est une œuvre d'art à laquelle chacun répond avec ses émotions. Chapeaux, foulards, cravates, écharpes, mais aussi bijoux, sculptures en métal ou en tissu : tout est matière à création. Sans relâche, elle expérimente et innove dans sa recherche de teintes naturelles et son traitement de la soie, dessinant des voies possibles pour des créations futures.
Dans son atelier de Taipei, Sophie Hong s'entoure aussi bien d'outils d'artisans — un carreau à dentelle, une forme à chapeau — que d'objets et œuvres d'art offerts par des amis.
Ce parti pris amical et esthétique se traduit par les nombreuses collaborations menées avec des artistes taïwanais comme ceux du Contemporary Legend Theatre, du Tussock Dance Theater et du U-Theatre, et par les liens de fidélité entretenus avec l'actrice Isabelle Huppert, la cuisinière Danièle Mazet-Delpeuch, la chanteuse lyrique Anne Rodier, le marionnettiste Robin Ruizendaal, le cinéaste René Viénet, l'artiste Jacques Picoux, l'architecte Adèle Naudé Santos, l'écrivain Lin Ching-hsuan, les musiciens Alain Meunier, Lee Fang-yi, Guillaume Plays, et Franck Bernède, ou encore l'illustrateur Golo.
Il se manifeste aussi par la poursuite de la librairie française Le Pigeonnier, fondée à Taipei par Françoise Zylberberg, laquelle aura plus que nulle autre porté au fil des ans toute la palette des créations de sa compagne.
Il s'incarne enfin dans l'espace parisien du Palais-Royal qui témoigne du lien indéfectible unissant Sophie Hong à la France autant qu'il offre à qui s'y aventure une porte d'entrée vers la culture taïwanaise.
Décorée par la France dans l'Ordre national du Mérite, Sophie Hong a vu ses créations exposées au Palais Galliera, - musée de la Mode de la ville de Paris, au musée La Piscine de Roubaix, au musée et théâtre Taiyuan de la marionnette asiatique, à Taipei, et au musée des arts de la fibre, à Taichung.
*"Chinese silk-dyeing is very close to the ways of nature. If you try to dry silk after rinsing out the dye, the sun must not be too bright, yet it must be bright enough." Douglas BULLIS (2000) fashion Asia. Thames & Hudson. p.142. *"There are good seasons and bad seasons for silk-dyeing, just as there are good years and bad years for wine." Douglas BULLIS (2000) fashion Asia. Thames & Hudson. p.145.
Sophie Hong Couleurs en mouvements, de la nature à l'artDominique Cardon Directrice de Recherche émérite CNRS,CIHAM/UMR 5648, Lyon
Sophie Hong, en vraie ou en marionnettes, ses textiles, plissés, tordus, incisés, ses vêtements taillés, assemblés, nervurés : comment y penser autrement qu'en mouvement ? Sophie, voile poussée par les vents de l'inspiration et de la détermination. Elle entraîne dans son sillage ce matériau fluide qu'elle n'a jamais fini de redécouvrir et de recréer : la soie laquée, 黑絞绸 hei-jiāo-chou, ou 香雲紗 xiang-yun-shā, littéralement « vêtement de nuage parfumé (ou « bruissant ») », patrimoine intangible du Guangdong chinois.
Matériau qui a fait naître notre amitié, car la plante qui lui donne ses couleurs et, en partie, sa substance est l'un de mes enfants végétaux adoptés : le faux gambier ou 薯莨 shu liang, Dioscorea cirrhosa, une des centaines d'espèces d'ignames, les plantes de Dioscoride. Liane élancée des jungles du sud-est asiatique, aux tiges crochues, aux feuilles ovales-pointues, fines, lisses comme les soies de Sophie et nervurées comme les finitions de ses vêtements. Elle jaillit de gros tubercules massifs, couleur de terre. Arrachés, coupés en deux : la tranche apparaît rouge orangé, juteuse. Râpés ou écrasés, les tubercules saignent un sirop fauve dont vont être imprégnées des pièces de soie ensuite tendues sur prés. Le soleil cuit le jus dans la soie. Celle-ci va encore être aspergée de jus étalé ensuite à la brosse, puis séchée, caramélisée au soleil brûlant de l'été de la Chine méridionale, de nombreuses fois, jusqu'à prendre elle-même la couleur de la chair du tubercule : rouge-fauve, en grec kirros. Avec sa couleur, elle s'imprègne aussi de ses propriétés et de son énergie : ce jus sanguinolent est hyperconcentré en tanins colorés, des molécules géantes, hérissées de sites réactifs propres à s'unir indissolublement à ceux des fibres textiles pour former une surface homogène, résistante à l'eau comme au feu, aux rayons UV comme aux bactéries.
Cette teinture protectrice, teinture-armure, aux multiples formes que lui invente Sophie Hong, a servi autrefois à imprégner aussi des fibres moins précieuses que la soie, tels le coton et le chanvre. Elle donnait ses nuances de roux à brun aux habits de tous les jours d'une partie du peuple vietnamien, qui appelle la plante củ nâu. Avant la Deuxième Guerre mondiale, « en dehors des populations montagnardes, vêtues de cotonnades bleues, toute la population tonkinoise use du củ nâu pour teindre ses vêtements ». On l'utilise aussi, à l'époque, pour imprégner les voiles et les filets des embarcations de pêche, qu'elle renforce et rend plus durables. La liane est alors récoltée dans ses stations naturelles, mais aussi cultivée en agroforesterie par les paysans Man, Tho, Mhong et les Dao rouges qui la font grimper aux arbres bordant leurs jardins et leurs champs de riz. Une partie de leurs tubercules part vers la Chine, en plein essor de l'engouement pour la soie laquée. Ce trafic inspire à Charles Crevost cette description pittoresque dans son monumental Catalogue des produits de l'Indochine : « Des Chinois sont établis sur les rives des hauts cours d'eau tonkinois, en face de petites plages où les radeaux et les petites embarcations chargés de tubercules peuvent stationner. Là, un acheteur chinois est posté, avec sa grosse romaine en évidence, portant un gros caillou de contrepoids. Les vendeurs s'y arrêtent et débattent les prix ; la marchandise est ensuite évacuée sur Haïphong par voie fluviale. Entre 1913 et 1922, les exportations portent en moyenne sur 5937 tonnes de tubercules par an, avec un maximum de 8011 tonnes en 1914, par suite des ruptures d'approvisionnement en teintures chimiques ».
Aujourd'hui encore, l'emploi le plus important et le plus remarquable des tubercules du faux gambier, outre leurs traditionnels usages médicinaux, est pour la production de la soie laquée, inventée dans la région de Canton à cause de sa boue, et dont l'art ne se perpétue plus que dans de rares ateliers du district de Shunde. Pourquoi la boue ? Parce qu'après que les pièces de soie aient été parfaitement imbibées du suc du faux gambier, il faut encore, pour « laquer » la soie et donner à l'une de ses faces un glaçage noir, y appliquer la boue de certains bras de rivières du delta des Perles, d'une certaine façon, dans la bonne période de l'année et au bon moment, à l'aube entre nuit et jour. La base chimique du procédé est théoriquement connue. La boue doit être riche en fer, pour que ses ions ferreux réagissent avec les tanins imprégnés dans la soie pour former une laque noire uniquement sur la face supérieure du tissu qui reçoit la boue liquide. Mais tout le secret du procédé est dans le non-dit, le non exprimable, un savoir-faire mental et physique ancré dans l'expérience et la répétition, savoir complexe, unique, dont la transmission n'est plus aujourd'hui si assurée qu'on le souhaiterait. Il est, entre autres, dans la gestuelle proche de la danse par laquelle les teinturiers répandent la boue sur le tissu en couche lisse et unie. Dans le mouvement, puis dans l'immobilité se crée la couleur : les pièces enduites de boue, tendues bien à plat sur l'herbe, sèchent lentement, avec la rosée, avant le lever du soleil. Magie ? Apprêt final ultra-secret, jamais divulgué ? Comment le tissu fini peut-il ainsi luire de cette lumière noire si particulière ? Il reste dans ces procédés et dans ce matériau, « vêtement de nuage », une part de mystère.
Cela ne pouvait manquer de plaire à Sophie. En mouvement ! Aventurière de la couleur, elle est partie à Shunde tenter de faire la lumière. Rester au côté des teinturiers, déchiffrer le rôle des ingrédients, le sens des gestes. Artiste, elle a reconnu l'effort pour maîtriser la matière, dans la lutte constante des maîtres-teinturiers pour unir la plante, la soie et la boue, le végétal, l'animal et le minéral, en un tissu à deux visages.
Matière exceptionnelle qu'elle n'a cessé de sculpter en œuvres mouvantes, ondulantes, bruissantes, jouant des couleurs, des transparences, des crevés et lacérations, des bordures et des ganses, enrichissant ainsi de son savoir de créatrice textile un tissu né d'une innovation greffée sur une très ancienne tradition.
Sophie Hong et Le vêtement qui parleLouis Ucciani Maître de conférence université Bourgogne Franche Comté
Par son travail dans le domaine de la mode, c'est à dire dans le monde de la représentation, de l'esthétique pour le philosophe, Sophie Hong est un marqueur du passage du temps : un cycle de création, puis diffusion et saturation, puis anéantissement et renaissance. Il serait bien que la frénésie du nouveau soit évitée, que le modèle aristotélicien privilégiant la forme à la matière soit aussi évité.
Pour nous, en Occident qui s'impose en maître, l'Orient se pose en système de pensée comme 'l'autre', mais Sophie Hong en donnant priorité à la matière qui donne sens à la forme, défie le temps et montre la pérennité des visages et de costumes : l'écoulement du temps n'est pas évacué comme prévu, les modèles de costumes de Sophie Hong sont de nature intemporelle, et utilisent des tissus d'une qualité, tenue et histoire irréprochables (elle fait notamment usage de produits et teintures à base de pigments'kuru' remontant à la dynastie Song : elle les a elle-même affinés sur plusieurs décennies. Elle crée des vestes réversibles noires ou brunes / rouges tout à fait uniques).
Dans un ouvrage sur l'art vestimentaire, Paola Zamperini note la pratique de Sophie Hong d'inscrire la mode taïwanaise dans une longue tradition historique, refusant l'éphémère du monde moderne : le vêtement en Extrême-Orient est en effet central, symbole de l'homme différencié de l'animal, Confucius y voit l'expression codée de l'appartenance sociale, de nos différences. Extraordinaire constatation : l'écriture elle-même, idéographique, représentant le mot 'origine' (origine de tout !), est formée des caractères 'tissu' et 'ciseaux' ! Un rapport à la tradition s'établit, la temporalité du monde occidental apparaît bien insuffisante, nous abordons véritablement le domaine anthropologique. A la recherche du sens, le travail du tissu, la création, sont vraiment dignes d'intérêt, et tendent à l'universel. De nos jours, dans le contexte de modernisation, on note que le vêtement a perdu sa signification complexe originelle, le Li (représentant le droit) peut s'appliquer à d'autres contextes que celui du vêtement. L'héritage de Confucius reste cependant durable, car la règle peut se matérialiser avec d'autres objets.
Sophie Hong par la qualité de son travail hisse le vêtement à un niveau peu commun : il vient occuper une place de choix comme signifié. La mise en valeur du corps et des formes n'est pas sa préoccupation, pas d'éphémère, même si l'Occident met corps et sensualité fréquemment en évidence. Sophie Hong ancre son travail dans un artisanat localisé, riche de traditions, dessins et tissus précieux, et lieu, temps, espace, tout exemplaire formel et représentation ne sont plus à considérer face à ce qui se présente immuable.
Le vêtement est du domaine de l'art : il met en valeur l'individu aussi bien que la pierre qui le 'sculpterait'. Le tissu porté, la matière ainsi travaillée, tout est devenu 'unique', loin de tout procédé industriel. 'Représentation' qui était synonyme d'éphémère est devenu ici exemple unique de ce qu'est l'homme, ses origines : il est différent de l'animal, il peut tendre vers l'universel, il est issu de matière, habillé de matière. C'est un véritable langage, un langage qui sait s'adapter, que nous tiennent les créations de Sophie Hong : depuis nos origines, tout un chemin parcouru, notre histoire, les vêtements de Sophie Hong 'parlent'.
Sa démarche est en fait simple, elle l'a elle-même expliquée : « J'aime utiliser dessins et matériaux qui me viennent du passé, les formes traditionnelles qui peuvent être adaptées pour coller aux goûts et besoins d'aujourd'hui. »
Son histoire d'amour avec l'artJack LANG Ministre de la Culture Président de L'Institut du monde arabe
Simplicité, Beauté, Naturel sont les trois mots qui me viennent spontanément à l'esprit quand on évoque Sophie Hong. Loin du superflu ou encore des extravagances inutiles, Sophie Hong réussit l'impossible. Ses créations sont de véritables œuvres d'art, des pièces uniques dont le style épouse les formes de chacun. Alliant légèreté et sobriété, elle vous pare pour toutes occasions.
Son talent comme son humilité transparaissent dans chacun de ses points, de ses surjets. Loin de toute prétention esthétique, elle a le souci premier d'habiller les femmes et les hommes. Le travail de la soie de Sophie est extraordinaire et fait éclater tout son génie créatif. Il mélange avec brio tradition et modernité. Ses étoffes sont le fruit d'une parfaite symbiose entre la finesse de l'art ancestral sino-taiwanais et l'audace des teintes et motifs de notre époque. Avant-gardiste, elle pressent dès ses débuts l'importance d'une mode éthique et respectueuse de la planète.
Les tissus aux couleurs doubles-faces sont le terreau de son imagination. Elle les sculpte. Elle taille vestes, tuniques, et robes qui suivent au mieux les courbes de ses modèles. Elle orne la somptueuse matière de boutons précieux et de broderies chatoyantes. Elle s'amuse de l'endroit et de l'envers. Elle se rit des bordures, des ourlets, et des plis. Elle se joue des étoffes, des doublures et des drapés. D'un art figé et classé au patrimoine immatériel de la technique ancienne, Sophie Hong, diamant pur, donne magiquement vie à la soie.
Sous les doigts de fée de la créatrice, les corps s'animent et les vêtements dansent pour le grand plaisir de nos yeux. Je lis au-delà des trompe l'œil de ses collections son histoire d'amour avec la France, son histoire d'amour avec l'art ; son histoire d'amour tout court. Entrer dans sa boutique au sein du Palais-Royal éveille tous nos sens. L'architecture française, grandiose, surplombe les mannequins vêtus de sa sublime soie colorée. Bleu indigo, noir extrême, gris perle, jaune saillant, rouge-orangé, une palette arc-en-ciel nous illumine. S'offre à vous alors, un lieu intime, un refuge de l'élégance. Ce magasin, à l'aspect d'un cabinet de curiosités, est un précieux écrin dans le cœur historique de Paris où sont révélés trésors et joyaux de la mode. Nous sommes bien là dans le repère sacré d'une alchimiste des temps modernes où la belle artiste transforme et malaxe avec ivresse soieries et cotonnades.
Sophie Hong, gourmande de toutes les beautés, ne s'arrête pas aux frontières de son univers de prédilection. Femme de lettres mais surtout femme d'action, elle est la cofondatrice de la seule et unique librairie française de Taiwan : le Pigeonnier. Elle y partage sa passion et fait rayonner la francophonie dans cet état du Levant. Son combat pour le livre est quotidien dans un pays où les écrans ont envahit les foyers. Ici encore, Sophie Hong tisse une toile soyeuse en irriguant les esprits et l'âme avec la poésie des mots.
Parce que Sophie Hong est une artiste unique, parce qu'elle est engagée pour l'art à travers le monde, parce que sa générosité est sans égal, et parce que tout simplement, c'est une femme lumineuse, rare et inspirée, j'admire profondément Sophie Hong.
Symbole de la mode taïwanaise se lie au théâtre de marionnettesRobin Ruizendaal Directeur du Taiyuan Asian Puppet Theatre Museum
Le théâtre de marionnettes est, à bien des égards, le symbole de la culture taïwanaise. Depuis les temps les plus reculés, les gens ont grandi en regardant le théâtre de marionnettes. Aujourd'hui, Taiwan possède une chaîne de télévision de théâtre de marionnettes et des centaines de compagnies qui se produisent quotidiennement dans les temples et les théâtres. Sophie Hong comme symbole de la mode taïwanaise se lie au théâtre de marionnettes. Avec le sculpteur Lai Yongting, elle a imaginé une marionnette à l’effigie de Françoise Zylberberg et d'elle-même. Ces petits mannequins de bois se sont multipliés pour que chacun porte une création unique de Sophie. Ces sculptures de mode sont devenues l’armée privée de mannequins de Sophie, aimées par tout le monde.
Clothes for the SoulDo She Sun 杜十三 Taiwan poet and artist
The renowned international designer John Galliano once rather wryly defined fashion as "being of two types: one to grace the body and the other to adorn the soul." It goes without saying that the fashions of Sophie Hong belong to that type that adorns both body and soul.
Before even getting into the cutting of fabric, Hong,in just her gathering and shaping of the material, already inhabits a realm distinct from the worldly lines, colors and components of contemporary popular fashion. Inspiration begins with her selection of traditional Chinese Xiangyun silk as the embryonic slate for her creative works: silk sheets spread out across a grassy field, watered with the juice of crushed yam-root and sun-dried between the months of April and September. This raw fabric then gets carted down to the banks of a river for "mudding," a process of immersion in silt harvested from the middle of a riverbed. Not until the primary material has been prepared by carrying out these rigorous and precise steps, can the more refined work of "redesign" begin.
Upon the completion of the pre-design stage, the character of the various fabrics will have been revealed: serene and unpretentious blending of color swaths and suggestive mosaics, containing spring water, warm sunshine and indigo grass in nearly every square inch, which emit the earthy feel, heavenly brilliance, and rhythmic pulse of warm-to-cool tones, and build up into a kind of overwhelming sense of ease and intimacy as though "draping the wearer in the dynamic flow of the seasons contained within the aura of the cosmos." Imagine the graceful manner and extraordinary distinction of a body adorned in all-natural redesigned cloth that has passed through the hands of an internationally renowned designer after being "chewed by cicadas, soaked in fields, pressed by the sun, and dyed in a river."
Just as might be expected, once this material has been cut and sewn for wearing on some body, no matter the age or gender, those bodies that put it on-in particular those that have cultivated an inner spirit and early on stood out as artists of note-will find themselves reunited with the most remarkable contours of their soul. Draped with poise and clothed in distinction, they stand apart from the mundane morass of vulgar life, as if adorned with the light of the sun, the water of the river, and the grass of the fields. The wearers of Hong's creations stand-out as if they are the inhabitants of another realm, a miraculous place where fashion merges with the spirit of the adorned.
Art history tells us that the best contemporary artists only begin to gradually mature once they have discovered the praiseworthy element of their creative energies:for writers this is their own expressive vocabulary, for musicians their own narrative sound, and for visual artists their own creative form... This too is true for the best fashion designers: they must search out that element in their creative work that sets them apart from the crowd, that element of uniqueness in their bodily garments that belongs only to the product of their creative talent, and use this element to tell the story of their fashion designs. They are in possession of an element that is put into constant practice to bring out their own distinctive aesthetic in the clothing they design: this is true for Issey Miyake, Versace, and Calvin Klein, and it is also true for Sophie Hong. What is even more heartening is that the creative element that sets Hong apart from the crowd comes from the natural elements of a grassy field, flowing river, and warm sun, twisted into a helix of all-natural genetic material.
Hong has more than twenty years of accomplishment in fashion, and is also an adept practitioner of sketching and goldsmithing, along with a variety of other creative arts. Her interests stretch wide, encompassing a deep affinity for nature, heartfelt concern for the Humanities, and the constant drive to create. Her success has exceeded the mere conquering of Paris, New York and other marquis international cities. Now, we are filled with anticipation for the next manifestation of the sensibility behind this master designer. We hope that Hong will continue to boldly challenge herself. That,in the not too distant future, she will present us with ever greater novelty and ever more exquisite Hong silk fashion artistry. In short, we hope that all souls under the heavens may,in this way, behold the experience of ever greater beauty.
Translated by Scott Michael FAUL 傅思可
From Sophie Hong 洪麗芬, Sophie HONG Volume 1. Taipei: Librairie Le Pigeonnier, 1998. Photo courtesy of Sophie Hong. All the photos are by Sophie Hong, except for those with photographers'names acknowledged.
Éternelle et éternelleVéronique LE HEN Chargée des Affaires Domaniales et Culturelles Domaine national du Palais-Royal
Il y a des mots qui font immédiatement rêver et éveillent en nous des images de contrées lointaines, le mot soie est de ceux-là.
Lorsque Sophie Hong s'est installée au Palais-Royal, voilà 10 ans, la route de la soie est venue jusqu'à moi. Cette fibre est un condensé de paradoxes, elle paraît fragile alors qu'elle est extrêmement résistante, elle est à la fois féminine et rustique, elle vibre de mille éclats et rappelle la terre.
Évoquer Sophie, c'est convoquer les traditions ancestrales d'un pays qui a fait de la soie, un mode de vie. La soie naturelle laquée est obtenue après un long et complexe processus de traitement du tissu mis au point durant la dynastie des Ming. Les teintures sont réalisées à partir de décoctions de racines végétales, fixées par de la glaise puis séchées au soleil. Le savoir-faire va alors transformer cette matière mi-végétale mi-animale en une étoffe divine qui ne cesse de nous séduire.
Sophie,c'est avant tout une silhouette qui marque d'une empreinte moderne et stylisée tous ses vêtements. Sa création est aux antipodes de la mode éphémère, elle est intemporelle et éternelle.
A Cloud's Desire and Rose's EnvyLIN Ching-hsuan 林清玄 Taiwan writer
Eastern and Western thought are present in the minds of nearly all eastern artists. They approach their art from a perspective of how they might weave together the thinking of both east and west, and tailor it into a seamless form, an inescapable orientation for the artist of the East. The fashion designs of Sophie Hong embody this spirit in the manner of having sprung forth from a meeting of East with West. In France Hong received cutting edge training in fashion, but her heart remained true to the mood and dream of Chinese artistry.
As her foundation, she takes the most basic element of Eastern couture, raw silk, along with the East's most soothing colors, azure, ochre, vermillion, ivory and ebony, and applies to them the western spirit of sculpting to bring her concepts to fruition: a perfect melding of East and West.
Contemporary artists do not have the luxury of deciding between the traditional past or modern present. If a work displays only modernity without tradition, then a sense of time and culture in the art will have been lost; and, if only tradition without modernity then the sense of innovation and imagination will have been lost. In search of the dying art of Xiangyun silk(湘雲紗, Ming Dynasty: circa 14 to 17th Centuries)Hong journeyed to southern China. Back home in her workshop she invested considerable time along with experts researching Xiangyun techniques for weaving, dying, and applying color in her effort to give the fabric a new after-life. Being trained in modern art has kept Hong free from the binds of tradition and the strictures of classic couture. When I saw with my own eyes how she weaved silk into a pair of leather-like shoes, molding the lines and creases like a bronze statue, shuttling between past and present, and making them effortlessly supple yet firm, I could but only sigh in deep admiration.
The paradox of purity versus practicality is a dilemma effecting most avant-garde artists and especially those creating works of fashion. A piece that is too purely fashionable inhabits the rarified space of limited access, whereas one that is too practical might fall into the realm of the profane. "Practicality" is, in fact, a quality that fashion cannot do without. Inhabiting the dominion of pure fashion while maintaining a solid grounding in the sphere of practical use, this is the realm of the fashion designer and also the boundary that separates the designer of fashion from the journeyman artist and tailor.
I've known Sophie Hong for twenty some years, and since the day we met, she has always been an exceptional designer. Besides fashion, her unique insight and wide-range of aesthetic interests extends to painting, sculpture, architecture and garden design. She had already made herself into a highly successful fashion designer at the top of her field, when a scholarship award from the Sino-France Technical Exchange Project convinced her to risk it all, and cross a vast distance to study in France and work in the prestigious Christian Dior fashion house. There, her horizons were expanded, her mind opened and her creativity liberated as she solidified years of artistic pursuits and crossed over into the realm of pure fashion. Sophie's fashion pieces have even become part of the collection in the Paris museum of fashion, the Musée Galliera.
Now, when Sophie Hong accepts invitations to major shows in New York, Milan and Paris, she brings along friends and regular folk to wear her designs. This demonstrates how her clothes not only fit the everyday person, but how they bring out a new persona in the wearer. In my opinion Sophie's fashion pieces are suitable not just to be donned as daily wear, but equally so to be hung on a wall as works of art.
Sophie puts the East and West, tradition and modernity, the pure and the everyday into a sieve that brings out her own strong and extraordinary subjective aesthetic, utilizing copious curves to create a feeling of care-free movement. Her designs retain elements from the traditional female master embroiderers of China’s past in her signature needlework, eliciting feelings of the joy and punctiliousness that went into it; and, her moiré fabrics evoke a sense of striated dunes and expansive yellow earth. Most all her fabrics come from the finest silks, suggesting the lightness of a cloud and the the multifoliate beauty of a flower. They aptly capture the spirited words of an age-old poet as being the desire of a cloud and the envy of a rose!
Most all her fabrics come from the finest silks, suggesting the lightness of a cloud and the the multifoliate beauty of a flower. They aptly capture the spirited words of an age-old poet as being the desire of a cloud and the envy of a rose!
Who would guess that these moiré fabrics come about through a process using earth-based natural dyes that are sun-dried over the course of a week. Hong's signature needlework comes from a sensibility developed through years of research into China's legacy fashions, and the line of her curve comes from endless adjustments done by trial-and-error. Hong clothing brings the wearer not mere appreciation but an even deeper sensibility.
Translated by Scott Michael FAUL 傅思可
*From Sophie Hong 洪麗芬, Sophie HONG Volume 1. Taipei: Librairie Le Pigeonnier, 1998. Photo courtesy of Sophie Hong. All the photos are by Sophie Hong, except for those with photographers' names acknowledged.