Connue notamment pour préserver et développer d'ancestrales méthodes de tissage et de teinture de la soie, la styliste taiwanaise Sophie Hong [洪麗芬] a été invitée par La Piscine – Musée d'art et d'industrie André Diligent de Roubaix, en France, à exposer ses œuvres sous le titre « Des feuilles du mûrier, le temps fait des robes de soie ». L'exposition ouvre le 14 mars et se prolonge jusqu'au 31 mai 2020.
Créatrice singulière – peintre, céramiste, designer, éditrice – Sophie Hong se partage entre Taiwan et Paris. Son travail sur la soie est remarquable, relève La Piscine. Respectueuse de la nature, Sophie Hong a fait siennes d'ancestrales méthodes de tissage et de teinture de la soie du sud de la Chine, permettant ainsi leur renaissance et affirmant son attachement à l'écologie.
Teints de façon naturelle, les rouleaux de soie sont étendus sur la terre, pour qu'ils s'oxydent puis séchés au soleil, patiemment, pendant plusieurs mois. La soie y prend un aspect laqué, dans des tons terreux : indigo, noirs ou bruns très profonds sur une face, rouges sombres sur l'autre. Le procédé donne au tissu une texture inimitable, sans rien ôter à sa légèreté.
« Dans cette danse avec les éléments, Sophie Hong recherche avant tout la nuance, explique Sylvette Botella-Gaudichon, la commissaire de l'exposition. Chaque pièce de soie tire son caractère unique des trames du tissage, de l'intensité de la teinture ou du hasard des contacts avec la terre. La créatrice joue avec la versatilité de la soie laquée qui a ici l'aspect du velours, là d'un cuir patiné, là encore d'un tissu subtilement rêche. »
Pour Sophie Hong, un vêtement est une œuvre d'art à laquelle chacun répond avec ses émotions. Les vêtements, pour les hommes autant que pour les femmes, frappent par leur simplicité autant que par leur qualité visuelle résolument contemporaine.
Sans jamais renoncer à la fonctionnalité, elle joue avec les coupes, l'endroit, l'envers, les épaisseurs, les bordures et ourlets, les broderies, les boutons et les plis qui donnent au tissu son volume. Artiste avant tout, elle habille souvent les artistes et travaille auprès d'eux dans leurs créations : musiciens, acteurs, danseurs…
Le lien indéfectible unissant Sophie Hong à la France et à sa culture se manifeste dans la librairie française Le Pigeonnier, qu'elle dirige à Taipei depuis la mort de sa créatrice Françoise Zylberberg et il s'incarne dans l'espace parisien de la créatrice au Palais-Royal.
Décorée par la France dans l'ordre national du Mérite, Sophie Hong a vu ses créations exposées au Palais Galliera, après les musées et galeries asiatiques.